C’était le week end dernier, le rendez-vous de ma saison 2011, le billet que je cherchai à obtenir depuis ma première sélection tricolore en 2009, les championnats du monde de duathlon, qui se déroulaient à Gijon en Espagne.
Je me sens prête, j’ai passé de bonnes séances, notamment en vélo et je ne suis pas malade. Le temps sur place est idéal : entre 20 et 23°c, variante entre nuages et soleil, vent modéré nous venant de l’océan. J’ai toutefois du mal à imaginer la tournure de la course, idéalement, j’aimerai tenir le groupe de tête mais Sandra Lévenez et l’Anglaise Katie Ingram (récemment devenue Hewison) me semblent quand même au-dessus du lot en course à pied.
Le départ est donné à 11h45 et je me place tout de suite derrière Sandra. Le rythme est raisonnablement soutenu. Nous avons 4 boucles à parcourir pour un total de 10,180kms. Au bout d’un tour, nous sommes 9 en tête : Sandra, Alex, moi, Katie, les Hollandaises Ruth Van der Meijden et Stéphanie Bouma, les Espagnoles Murua et Burgos et l’Allemande Jenny Shulz. Au passage du 2ème tour, nous avons perdu Alex, je suis déjà bien dans le dur, je suis assoiffée et j’ai un point de côté. Je viens pourtant de me ravitailler mais je crève la soif. Au prochain ravitaillement, c’est le sautage, Ruth en fait autant juste après. C’est alors la cogitation : Stéphanie Bouma, que j’ai très souvent battu, Jenny Shulz que j’avais devancé aux Europe, tiennent le rythme de Sandra. Elles sont 7 devant, rentrer sur elles en vélo me paraît alors impossible !!!Bon aller, je me reconcentre sur ma course, pour l’instant faut courir, je suis aux mondiaux donc A BLOC !!!! Juste avant de rentrer au parc pour entamer nos 43,5kms de vélo (8 boucles), nous sommes rejoins par Alex et l’Américaine Laselle. J’effectue une transition très correcte et me retrouve à rouler avec Ruth ; Alex, incapable de faire un effort, s’accroche pour rester dans les roues, nous accusons 1’08 de retard sur le groupe de tête. L’Américaine se met au travail mais perd beaucoup de temps dans les virages. Au bout du 1er tour, nous récupérons l’Espagnole Burgos, qui avait sauté en fin de course à pied. 2, 3ème tour, l’Espagnole semble ne pas vouloir coopérer, nous voilà avec 1’30 de retard. Je effectue une méga relance afin d’essayer d’écrémer notre groupe mais voilà que 2 crampes me prennent les mollets !!! A ce moment là, Ruth prend son relais ! J’essaie de m’étirer comme je peux et me concentre sur mon pédalage pour éviter le mal. 4ème tour : Ruth s’échappe sur une relance appuyée, moi qui était derrière l’Américaine, je n’ai rien pu faire. Du coup, l’Espagnole se met également à rouler pour rentrer sur la Néerlandaise, nous voici à 1’ de la tête. 5ème tour : nous roulons qu’à 3, 6ème tour : avec Ruth, nous creusons un petit écart mais les 3 autres filles finissent par revenir sur nous, nous avons alors 40’’ de retard. Dans le dernier tour, je me retrouve à nouveau avec Ruth mais les relais qu’elle prend ressemblent davantage à des attaques, nous voilà à 20’’ de la tête !!!! Au moment où je passe un relais, à 2km du parc, Ruth m’attaque ! Les crampes qui n’attendent juste que je mette du gros braquet me dissuadent de contrer.
Je rentre donc au parc en 7ème position avec une transition pas terrible à cause de mes mollets douloureux. Je suis vite reprise par l’Espagnole que je n’arrive pas à suivre : en plus des muscles endoloris, je suis toujours assoiffée. Peu après, c’est Alex qui me passe, pareil, ça va trop vite pour moi (et pourtant ça ne dépasse guère le 15 à l’heure…) et je vois mes chances de prendre part au relais du lendemain s’évanouir. La moitié du parcours réalisé, les sensations ne s’améliorent pas et voilà que l’Américaine me dépasse également. Je m’accroche tant bien que mal, je ne suis vraiment pas bien et c’est dur psychologiquement de s’arracher à ce point pour être à 4’ au kilomètre !!!! Mais Alex également semble à la peine puisque nous revenons sur elle à 1km du but. Mon cerveau est alors débranché, concentré sur « le cul » de l’Américaine. Nous voici à 400m de l’arrivée, juste avant le petit pont, le coach de ma concurrente lui crie de lancer le sprint maintenant mais l’Américaine n’accélère pas, du coup c’est moi qui lance les hostilités !
C’est donc une 8ème place qui m’attend à l’arrivée, je suis exténuée, à la fois déçue et super contente de m’être battue jusqu’au bout ! Alex termine 10ème et devient championne du monde U23 et Sandra devient bronzée au terme d’une course très relevée, devancée par Katie Hewison et Jenny Shutz.
Le lendemain 15h15, c’est parti pour la course en relais avec l’objectif de ramener l’or mondial. Au programme pour la récup : 2km de cap – 7,5 à vélo -1km de cap. C’est Sandra qui lance la course des tricolores ! Bien choisi de la part de notre coach Stéphanie Gros puisque c’est Katie Hewison qui donne le départ des British. Au terme de la 1ère cap, Sandra et Katie ont déjà une légère avance. Elles ne font que l’accentuer sur le reste de la course. Etienne Diemunsch, notre champion du monde, doit se battre contre Dunby. Á la fin du vélo, ils sont toujours au coude à coude mais voilà que l’Anglais pose une attaque à Etienne pour passer le relais à la junior Anglaise en tête. N’ayant pas prévu ça, je pars comme une balle. Bien sûr, au bout de 400m, je suis asphyxiée, je reste à 6’’ de l’Anglaise mais enfourche le vélo en même temps. Je pars à bloc pour tenter de la décrocher mais ce jour-là encore je suis limitée par des mollets bien sensibles. Je fais pratiquement tout le vélo en tête mais sans être à bloc, je prends alors l’avantage sur la dernière transition, m’arrache sur ce dernier kilomètre pour passer le relais à Benoît Nicolas avec 23’’ d’avance. Benoît effectue un joli contre-la-montre et nous emmène vers la victoire !!!! C’est tout simplement du pur bonheur collectif !
Tout au long de ce séjour, nous avons vraiment bien été soutenu. Je remercie tout ceux qui m’ont encouragée et plus particulièrement mon mari, mes parents, le président et son infirmière perso !
Article Triathlète Mag